vendredi 15 novembre 2013

Débardage de branches au Puy de Vichatel

Jean-Philippe Barbarin, le maître d’œuvre du chantier vous expliquerait cela mieux que moi : il s'agit pour le propriétaire (Parc Naturel Régional des Volcans d'Auvergne) de ré-ouvrir des prairies "naturelles" au sommet du Puy de Vichatel pour deux raisons : augmenter le parcours des troupeaux de brebis et dégager la vue sur les volcans avoisinant car le site a aussi une vocation touristique.
Pour ce faire, une partie importante de taillis de noisetiers, bouleaux, sureaux et autres essences forestières a été coupé sur la pente sud. Cette pente avoisine les 30° voir plus par endroits et les agents du parc ne trouvaient pas de solutions pour évacuer les rémanents ( petits troncs coupés en courtes longueurs et branchages). Lors de la coupe, ils les ont mis en tas de quelques m3. Ce sont ces tas qu'il fallait enlever pour les mettre dans la pente boisée au nord. La mécanisation n'était pas possible car les sols sont très fragiles, la pouzzolane étant à dix centimètres et le chemin d'accès est impraticable dans la dernière pente. 
Bien sûr, la difficulté majeure a été la pente, l’enchevêtrement des bois dans les tas et la disparité de leurs longueurs en a été une autre sans oublier les nombreuses souches (normal en forêt me direz-vous !) qui jalonnent le parcours de la remontée. Enfin la météo hivernale avec un vent "à décorner les bœufs" et un terrain humide et glissant n'a pas aidé non plus ! Cela nous a obligé à travailler avec plusieurs outils: la traîne directe, la limonière servant d'avant-train, le traîneau et la remorque quand les tas lui étaient accessibles.
Heureusement que nous avions préparé cette prestation avec un stage de débardage dans les pentes en août !

Nos petits ânes normands (Rodéo, Simay et Rabolliot) ont uni leurs efforts avec ceux de Jean-Philippe (Alice et Saturnin) pour remonter en deux jours environ 30m3 de bois. vous pouvez voir les photos qu'a prises la compagne de Jean-Philippe en cliquant ici.
place de dépôt en pente !
Saturnin au traîneau


vendredi 8 novembre 2013

sevrage des ânons

Voici venu le temps du sevrage, cette année nous allons en sevrer six un seul mâle et cinq petites femelles.
Cette période est assez cruciale dans la vie de l'âne et surtout pour ses rapports avec les hommes notamment en vue du travail futur. Nous avons pensé qu'il serait intéressant de vous mettre à disposition une partie d'un  article qu'Armelle a écrit pour la revue FERME (fédération pour promouvoir l'Elevage des Races domestiques Menacées) l'année dernière.



"Dans mon élevage, je ne fais pas vraiment de différence entre les races normande et cotentine que je mène parallèlement, étant tout à la fois très engagée dans la sauvegarde de race et à la recherche de critères propres à mon élevage : caractère rustique et herbager
Mais encore  plus que pour les animaux d’élevage pur, le caractère et l’éducation des ânes sont des critères prédominants ;
En effet convaincue qu’une race n’est sauvée que lorsqu’elle trouve une utilité qu’elle soit pastorale, alimentaire, utilitaire, je tiens à ce que mes animaux  s’inscrivent dans ce schéma et les prépare pour ça.
Ainsi je tiens à élever les ânes en troupeau pour respecter leur caractère grégaire et profiter de l’éducation dont profitera l’ânon d’abord par sa mère puis par la troupe toute entière
L’âne est un animal sociable naturellement proche de l’homme mais chacun a sa propre personnalité avec laquelle on doit composer. Aussi, j’essaie d’avoir les animaux qui me conviennent le mieux et pour cela je me fie au caractère des parents et plus particulièrement  de la mère qui, en plus de sa demie contribution génétique, éduque l’ânon. On retrouve lorsqu’on a gardé des lignées  entières comme dans notre élevage des similitudes importantes de comportement 
De plus en plus d’études convergent vers le fait que la meilleure éducation des équidés même appelés à travailler avec l’homme est celle de leur mère naturelle ; mon intervention durant les 6 premiers mois est donc minime : surveillance, présence longue dans les herbages sans forcer l’ânon à être touché.  S’il vient naturellement je ne boude pas le plaisir de caresser ces ravissantes peluches non plus !!
Je suis convaincue qu’à ce stade tout s’enregistre chez le petit, ainsi être présent dans l’herbage c’est faire un peu partie de leur monde… mais pas trop Son vrai monde c’est le troupeau avec qui il partage l’espace.
Si d’autres animaux, jeunes ou mères viennent faire leur câlin,  le petit même s’il reste en retrait l’enregistre comme un fait naturel.
Souvent les mères sont très protectrices de leur ânon durant les premiers jours et restent loin de nous… laissons faire….
l'ânon apprend beaucoup de sa mère

J’ai l’exemple d’une mère possessive qui botte (fait rare chez l’âne) quand on approche son ânon la première semaine…Si on laisse faire cela devant l’ânon , j’ai pu remarquer qu’il aura lui aussi tendance à lever les fesses, ce qui obligera à un fort recadrage.
Si on ne force pas la mère, en d’autres circonstances, câline, elle amènera le temps venu pour elle son ânon vers nous.
Cette attitude extrême chez nous m’a permis de réaliser qu’il faut laisser les mères faire, ne pas forcer, stresser l’ânon pour qu’il n’accumule pas ces images ou simples « ondes négatives » que nous ne percevons pas
Ce n’est qu’au sevrage que nous avons choisi de nous imposer aux jeunes ; C’est Le moment crucial, le jeune séparé de sa mère cherche de nouveaux repères et intériorise tout ce qu’on lui apporte à ce moment-là.
Là encore le fait de sevrer plusieurs jeunes ensemble aide à leur stabilité : ils ne sont pas seuls, ils restent avec leurs copains : ça amortit la nécessaire et douloureuse séparation de la mère ; les plus hardis aident les moins dégourdis ! Souvent un animal plus âgé pour les accompagner au début de cette nouvelle vie  les aide à trouver l’eau, ou apprendre à manger des choses nouvelles par imitation.
Et c’est ainsi qu’en restant longtemps avec eux à cette période s’établit une complicité, un plaisir d’être ensemble qu’on pourra décliner par la complicité dans le travail, le plaisir de randonner ensemble tout en respectant le monde de l’un et de l’autre." Article tiré du n°73 du Journal de FERME, auteur Armelle Cottrant-Ménager.

samedi 2 novembre 2013

La renouée du Japon et les ânes

Des rives de la Vézère, Dame renouée un beau matin s'empara,....non pas que les autres végétaux aient été faire un tour dans le thym et la rosée mais plutôt  parce qu'elle s'y trouve bien et chasse peu à peu les autres espèces hormis l'ortie dioïque avec qui elle cohabite très bien.
Pour ceux qui veulent se documenter sur cette espèce invasive, nous avons sélectionné un certain nombre de liens facilement accessibles, mais la littérature est abondante sur le sujet.
 Nous avons fait un partenariat avec la mairie d'Uzerche pour l'exploitation en pâturage d'un coteau envahi de ronces, d'orties et ... de renouée du Japon. 
Le chargement à été durant toute la période estivale et automnale de 10 ânes à l'hectare. Les résultats sont spectaculaires quant à l'entretien du terrain. La gestion du troupeau est cependant difficile car il faut faire tourner les animaux pour les garder en état. Certains profitent d'ailleurs plus que d'autres ! nous avons dû, en octobre, retirer certaines ânesses suitées en fin de lactation car la nourriture n'était plus assez riche.
coteau après cinq mois de pâturage.
Mais nous avons surtout été surpris par le fait que certains ânes (malheureusement pas tous !) se sont attaqués aux massifs de renouée du Japon. Ils mangent feuilles et tiges jusqu'à une hauteur de 10 à 15 cm et ce, même sur des sujets végétaux de plus d'un mètre cinquante de hauteur. ans d'autres sites, des essais de pâturage par des bovins ont eu lieu et se avérés peu efficaces à cause de faible appétence de cette espèce.
Sur les photos suivantes on peut voir l'effet de ce pâturage.
tapis de renouée brouté par les ânes, on observe beaucoup de repousses

vue de la limite du pâturage où on peut voir l’embroussaillement et la hauteur de la renouée avant l'intervention des ânes

ânesse normande en tain de manger de la renouée
Certes ce test n'a pas de valeur scientifique, et les résultats sont aujourd'hui trop partiels pour pouvoir tirer des conclusions trop hâtives mais les ânes pourraient devenir des auxiliaires précieux dans la lutte contre cette plante invasive.