mercredi 20 mai 2015

Dermatite, pelade et mue

Nous recevons un certain nombre d'appel concernant des pelades observées sur les ânes. Cela les rends visuellement vilains mais est-ce si grave ?
Il faut d'abord s'assurer qu'il n'y a pas de parasites externes. C'est effectivement la saison des poux ! Un examen attentif doit pouvoir le confirmer. Il peut aussi s'agir d'autre parasitoses comme les galles ou les teignes dont les symptômes cliniques sont connus.
Cette année ( est-ce dû aux changements brutaux de température ?) un certain nombre de nos ânes muent par plaque avec des pelades assez vilaines. Ce phénomène se produit surtout sur les flancs et la croupe ainsi que sur l'encolure. Lors du pansage, il n'est pas rare d'enlever littéralement des plaques de poils sur plusieurs centimètres carrés. Très vite (2 à 3 semaines) la peau nue se regarnit de poils denses en général plus foncés. Ce phénomène n'est pas très grave si i ne s'accompagne pas de démangeaisons entraînant un grattage et donc des plaies. Si c'était le cas, il faudrait nettoyer les parties blessées, soulager les démangeaisons et éviter la présence d'insectes qui, outre les infections, apportent des démangeaisons supplémentaires. Si la peau est simplement à nu, notamment su le dos et l'encolure, l'usage d'un émollient suffit.

Cette pelade est due à la mue de printemps et n'a rien à voir avec la dermite (ou dermatite) estivale récidivante équine la DERE. Ci-dessous, je vous laisse découvrir un petit article synthétique que j'avais écrit dans la bulletin de l'âne normand, il y a quelques années.

"A notre connaissance aucune étude de grande ampleur n’a été réalisée sur la dermite estivale récidivante (DERE) dans l’espèce asine. Une seule publication fait état des ânes, il s’agit d’un article dans l’Australian Veterinary Journal (1993) sur des troupeaux d’ânes israéliens exposés aux culicoides. Par contre un certains nombre d’études et publications font le point sur la DERE affectant les chevaux et poneys, notamment la thèse de doctorat vétérinaire de Frédérique BILLE en 1999 (ref : thèse 99-TOU 3-4106). En voici une brève synthèse :

Bref rappel clinique :
La DERE se manifeste par des dépilations plus ou moins purulentes essentiellement sur la ligne de dos à l’encolure, le garrot et la base de la queue. On distingue tous les stades des affections cutanées depuis le squamosis, la dépilation, les croûtes, la lichénification jusqu’aux ulcères purulents. Comme son nom l’indique ces manifestations ont lieu l’été, cependant leurs conséquences se retrouvent sur l’aspect cutané jusqu’à l’automne. Les crises sont plus ou moins marquées en fonction de des conditions climatiques.
La DERE ne doit pas être confondue avec des parasitoses telles que les gales, les mycoses et les dermatites qui affectent les oreilles et la face ou les membres. Enfin il existe des réactions allergiques médicamenteuse, de contact ou alimentaires qui peuvent aussi provoquer des démangeaisons.

Les causes :
La DERE est une réaction d’hypersensilité aux piqûres d’insectes :
en premier lieu, les culicoides, insectes diptères représentés dans le monde par plus de 1000 espèces différentes dont les noms courants sont « moucherons, bibets,…). Quelques espèces sont réputées pour les chevaux mais rien ne prouve que ce soient les même pour les ânes.
en second lieu,d’autres insectes hématophages moins spécifiques.
Pour les chevaux, les espèces spécifiques de culicoides sont localisées en partie dans le grand ouest depuis la Haute-Normandie jusqu’en Aquitaine et dans l’est depuis la Lorraine jusqu’en PACA.
Leurs piqûres provoquent des réactions immunitaires (anticorps-antigènes) de type allergique avec un gonflement des tissus cutanés. Il s’en suit des démangeaisons plus ou moins fortes et éventuellement du grattage pouvant aller jusqu’à la plaie. Des plis peuvent se développer sur le garrot, l’encolure et la croupe. Au cours des années,les poils ne repoussent plus et la peau reste épaissie et plissée.
Les sujets de moins de deux ans ne sont que très rarement atteints.



Une prédisposition génétique a été mise en évidence et depuis 1953, on soupçonne des effets de famille dans son apparition. F BILLE écrit : « même si des facteurs génétiques semblent participer à l’apparition de la DERE, les résultats sont confus….. Il est vrai que les recherches génétiques sur la DERE n’ont pas encore apporté de réponses précises, même si l’on suspecte depuis longtemps une hérédité ».
Enfin, nous ne savons pas si le ou les gènes qui contrôlent cette hypersensibilité sont plutôt récessifs ou dominants.


Les préventions et traitements :
1.la lutte contre les insectes :
Le confinement des animaux. C’est en général un vœux pieux en période estivale où ils sont à l’herbe.
La protection mécanique ou chimique : les endroits venteux ou aérés sont préférables car les culicoides sont de mauvais « voiliers » et suivent les courants d’air. Un certain nombre d’insecticides existe, aucun n’a été testé spécifiquement sur les culicoides. Certains fabriquant proposent des préparations répulsives ayant différentes bases chimiques ou végétales. Leur efficacité est souvent de courte durée et d’un usage très contraignant.
La lutte contre les sites de reproduction est plus efficace. Les culicoides s’éloignent peu de leur site de ponte. Tout point d’eau stagnante non nécessaire doit donc être asséché !
Le changement d’herbage amène souvent un mieux-être, le temps qu’une nouvelle colonie d’insectes s’installe !

2.les traitements
Si le diagnostic et le traitement doivent être laissés aux bons soins du vétérinaire, on peut rappeler qu’il existe plusieurs traitements de type anti-inflammatoire et antiprurigineux. Les antihistaminiques ont une efficacité limitée". 
Je rajoute un commentaire de Caroline Charpentier (merci beaucoup) :
 "L homéopathie fait aussi des miracles sur la DERE : Sulfur 9ch 10 granules 2 fois par semaine + rhus toxicodendron
5 granules matin et soir pendant 1 mois et localement melanger 3 teintures mère : arnica Tm + calendula TM + echinacea TM et appliquer sur les lésions."

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