Pour tous les travaux à pied, les
guides présentent le désavantage d’être « encombrantes » et il y a souvent nécessité d’utiliser ses deux mains pour mener,rien que pour faire les reprises de guides. Il n’en reste
donc pas de libre pour toutes les autres fonctions et Dieu sait si dans
certains cas, elles sont nombreuses !
Le menage au cordeau avec une
seule guide, appelé « cordeau » pallie à cet inconvénient. Le meneur
a ainsi une main libre et peut passer de la main droite à la gauche tout en gardant
le contact avec son animal.
Historiquement cette technique apparue sans doute au XIXème
siècle a connu son apogée (comme technique moderne) lors de la grande époque de
la traction animale agricole (mécanisation sans moteur de l’agriculture) avant
la seconde guerre mondiale. Elle était surtout utilisée dans les régions à
forte tradition de traction chevaline, c’est-à-dire dans l’est et le nord de la
France. Elle a perduré jusqu’à nos jours et bon nombre de meneurs, surtout les
débardeurs à cheval, travaillent « au cordeau ».
Si un grand nombre de chevaux et
de mules ont été attelés au cordeau, peu d’ânes ont été dressés spécifiquement.
En 35 ans de carrière je n’en a vu qu’un seul en Bretagne ! Or cette
technique est très intéressante pour tous les travaux à pied et peut très bien
être mise en œuvre avec des ânes
Tout d’abord, il faut préciser qu’il
s’agit d’une technique qui ne s’utilise qu’au pas et si elle est compatible
avec des travaux attelés à une voiture utilitaire, elle n’est pas adaptée à l’attelage
fût-il de loisir.
Le bridon est équipé d’un mors de
bride, un « coup de poing » fait l’affaire et les fausses rênes sont attachées
à la passe la plus basse. La gourmette est réglée comme pour des guides
(passage de deux doigts quand les branches du mors sont dans le prolongement
des montants).
Les fausses rênes (en cuir ou en
cordage souple) passent par les clefs du collier. La clef de droite est située
plus haute que la clef de gauche car le meneur est souvent à gauche. Le débattement
des fausses rênes derrière le collier est d’environ 40 cm (suffisant pour un âne !).
Le cordeau en corde souple
(attention au matériau qui brûlent les mains quand on travaille sans gants !)
est attaché aux fausses rênes derrière le collier par un anneau (ou mousqueton)
coulissant. Sa longueur varie en fonction des tâches à effectuer. Pour les travaux
de débardage, il est nécessaire qu’il soit assez long (4m ou plus), sinon il
faut l’adapter à l’outil.
Tout d’abord, comme pour le menage
aux guides, il est absolument nécessaire que l’âne soit appuyé sur son mors et « en
avant », si possible calme et droit pour reprendre les principes de base de
l’équitation.
La technique de menage consiste à
utiliser un code physique par l’intermédiaire du cordeau pour donner les
indications. Cela ne peut se faire que si l’âne est éduqué et qu’il comprend
déjà les ordres vocaux.
Pour s’arrêter, le meneur tout en
donnant l’ordre d’arrêt, arrête de marcher et retient le cordeau.
Pour tourner à gauche, tout en
donnant l’ordre vocal, le meneur en marche tend légèrement le cordeau jusqu’à
ce que le virage soit effectué.
Pour tourner à droite, tout en
donnant l’ordre vocal, le meneur en marche donne des petites saccades intermittentes
jusqu’à ce que le virage soit effectué.
Pour reculer, tout en donnant l’ordre
vocal et en prenant le palonnier, le meneur tire sur le cordeau jusqu’à obtenir
un pas en arrière.
Il faut noter que la position et
l’allure du meneur sont fondamentales dans cette technique de menage, il ne
faut pas par une mauvaise position « bloquer »
les déplacements de l’animal.
Dans tous les cas, et comme en attelage,
une fois l’ordre effectué, on baisse l’intensité des aides (cordeau et voix) et
on récompense l’âne (par exemple « c’est bien » ou « brave »)
A priori tous les ânes sont aptes
à être menés au cordeau. Il est néanmoins nécessaire qu’ils aient été éduqués
dans cette optique.
L’apprentissage peut se faire
directement au cordeau à partir de deux ou trois ans ou après un passage aux
longues rênes. Plus l’animal est âgé, moins cela sera facile !
Enfin, il faut noter que le menage
au cordeau, si il facilite la tâche du meneur, ne rend pas plus aisée la traction
par l’âne, celle-ci ne dépendant que de l’outil ou de la charge.
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